Genèse du groupe Magie-Image
Naissance à Paris
Roberto Matta remarque un jeune peintre chilien du nom de Mario Muruan, marqué par ses compositions surréalistes. Le considérant comme son fils spirituel, il le pousse à revendiquer son identité artistique. C’est en 1982 que le peintre fonde le groupe Magie-Image, collectif artistique intégrant les artistes Magie Cogollo Aresti, Kaminer, Zarate et Cuevas. Poursuivant le chemin artistique de Wilfredo Lam et Roberto Matta, ils ont travaillé sur le thème de rédemption des racines sud-américaines et des formes originales en s’insurgeant contre la « dictature graphique » de l’art européen formel et officiel. Leur démarche artistique était, avant tous, identitaire, picturale et ethnologique.
Fin et renouveau du groupe
Nourrie de magie surréaliste, de visions et de la beauté intacte des forêts de son enfance, l’œuvre de Magie-Image empreinte de culture latino-américaine se développe à son aise dans le climat artistique parisien. Il était question de fuir et combattre la dictature de PInochet, perçue comme un frein à la liberté d’expression. Pendant plusieurs années, le groupe se caractérise par leur synergie, leur énergie et leurs échanges profonds avec Roberto Matta qui les encouragent à exprimer conjointement leurs talents. Magie-Image expose à Paris, à Cassel en Allemagne, et en Espagne. Leur travail est reconnu et recherché. Le groupe se dissout en 1990, mais réalisera une exposition remarquée à l’Instituto Cervantes de Chicago.
De gauche à droite : Saul Kaminer, Eduardo Zamora, Carlos Aresti, Mario Murua, Heriberto Cogollo
© Heriberto Cogollo
Le but de Magie-Image
» Dans le sillage des artistes qu’ils admirent, Lam, Tamayo et Matta, soutenus par le poète et traducteur Jean-Clarence Lambert, le critique d’art Jean-Louis Pradel, Mercedes Iturbe, Jorge Alyskewycz et moi-même, un groupe de peintres originaires de diverses parties du continent va proposer sur la scène française, et ailleurs en Europe, une figuration réelle-merveilleuse, comme un défi à une demande du marché qui minimise la peinture ou l’exclut, et privilégie performances et art conceptuel.
Le groupe « Magie-Image » affirme que la représentation du réel conduit à une vision intérieure du monde et que l’image est une représentation phénoménologique qui doit permettre d’accéder à l’idée. Le lien-mémoire avec leurs pays respectifs est privilégié et interrogé, comme source d’un imaginaire à alimenter et à recréer à chaque instant. L’exposition formée par sept des membres de « Magie-Image » (Aresti, Burles, Carrozino, Cogollo, Cuevas, Kaminer, Murúa, Rodríguez, Román, Taprah, Zamora, Zárate) aura lieu en 1983. «
La fresque « El Circo »
Rare extrait précieux du Groupe Magie-Image à Paris en 1989.
On peut voir les artistes du groupe au travail : Heriberto Cogollo, Carlos Aresti, Saul Kaminer, Eduardo Zamora, Mario Murua, Alonso Cuevas, Luiz Zarate, Leoncio Villanueva.
On les voit en train de préparer leurs techniques picturales personnelles pour l’exécution d’une œuvre collective de 10 x 2 mètres actuellement au Musée du Rallye à Montevideo, Uruguay, Amérique du Sud.
Archives de Mario Murua
« Les débuts ont eu lieu en 1982, avec huit peintres latino-américains. Nous n’étions pas Magie Image lorsque nous nous sommes rencontrés pour la première fois. Un an plus tard, nous avons participé à l’exposition « Magie », puis deux ans plus tard, en 1985, nous sommes devenus le groupe Magia Imagen ou Magie Image. C’est l’historien et critique d’art colombien Álvaro Medina qui a trouvé ces noms, parce que Medina pensait que nous, les six artistes, étions intéressés par les images et le réalisme, le » réalisme magique « , qui prend ses racines dans la littérature latino-américaine : » Tu es comme un artiste dans les dimensions magiques, mais tu fais des images « … donc, nous parlons de Magie Image. C’est ainsi que le groupe a vu le jour. »
Extrait de Oksana Salamatina issu de « Who is Matta? : Matta & Magie Image »